Inéluctablement

J’oublie énormément de choses que je lis à propos de la mémoire. (Ca ressemble à une étrange mise en abyme, mais ce n’est pas le propos.)

Et de toutes mes lectures sur le sujet, je crois qu’une certitude sort du lot : notre mémoire est incroyablement plus malléable qu’on ne le croit. Cette certitude s’appuie sur une découverte concernant le fonctionnement de notre cerveau, et qui va complètement à l’encontre de notre intuition.

Quand on accède à un souvenir, on le modifie. Inéluctablement.

Ca parait anodin. Chaque jour renforce pourtant ma conviction que les conséquences d’un tel phénomène sont immenses. Incompréhensions, faux témoignages, débats absurdes, comportements incohérents… Ce qui est amusant, c’est que je remarque que, les gens qui me sont sympathiques de prime abord, semblent souvent au courant de ce phénomène.

Comme Raymond Domenech qui déclarait récemment : « J’écris surtout pour ne pas oublier. Presque tous les soirs, je m’installe à mon ordinateur afin de retranscrire à chaud les événements tels qu’ils se sont réellement passés. »

Ou Jonathan Tropper qui écrivait : « On se raccroche si désespérément aux souvenirs qu’à force, ils se souillent, se gâtent. »

Ou Jonathan Coe qui précisait : « Remember that we’re talking about a conversation that took place probably about twenty-five years ago, so my memory of it is hardly going to be very clear; but on the other hand, I haven’t thought about it since then – not once – which means that it hasn’t had the chance to get distorted and rewritten in my head.« 


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