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Clarifier ses idées

John Steinbeck abordait l’écriture avec la discipline d’un sportif. Régularité des sessions, persistance dans les moments difficiles, obsession pour l’objectif final… et échauffement avant l’effort. Tous les matins, avant de plancher sur ses romans, il commençait sa journée d’écriture par un tour de chauffe. Il racontait son quotidien, et parlait du livre qu’il était en train d’écrire, pour se mettre en jambe.

Certaines de ces notes ont été publiées. Celles rédigées au moment des Raisins de la colère ont été publiées sous le titre Working Days: The Journals of The Grapes of Wrath, et celles d’A l’Est d’Eden sous le titre Journal of a Novel: The East of Eden Letters.

Le second recueil est passionnant. Le premier est ennuyeux. Pourquoi une telle différence ? Si le format, les sujets abordés et le style sont les mêmes, qu’est-ce qui distingue tant ces deux recueils ?

L’explication est simple. A l’époque des Raisins de la colère, Steinbeck se contentait de tenir un carnet de route. Il écrivait pour lui, uniquement pour l’exercice. Mais lors de l’écriture d’A l’Est d’Eden, il destinait ses écrits à un lecteur, en l’occurrence son éditeur. Et cela change tout. Tenu de se faire comprendre, Steinbeck était obligé d’expliciter ses pensées, de décrypter ses préoccupations, de clarifier ses idées. C’est ainsi que le marmonnement inaudible de Workings Days devient récit éloquent dans Journal of a Novel.

La lecture de ces deux ouvrages est un joli rappel d’une évidence : pour être sûr d’être clair dans son propos, le destiner à une interlocuteur précis est une très bonne idée.


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