Les moments de vide

Le 24 décembre, j’entends cette phrase : les moments de vide, c’est aussi des moments de vie.

[...]

Le 29 décembre, je suis sur le point de prendre la voiture, pour aller acheter du pain pour toute la famille. Je vois un de mes neveux qui s’ennuie, ses cousins jouent sans lui. Je propose à mon frère de l’emmener avec moi.

Et alors que je me demande comment je vais transformer ce petit périple en aventure inoubliable, je me souviens de cette phrase.

Les moments de vide.

Je prends un disque de Serge Reggiani que mes parents écoutaient pendant mon enfance, et que je n’ai pas entendu depuis longtemps. On s’installe dans la voiture, moi au volant, mon neveu à l’arrière. Je mets la musique, suffisamment fort pour qu’on l’entende bien, mais pas trop pour qu’on puisse échanger deux, trois mots.

Mon neveu est calme. Il regarde le paysage défiler. De temps en temps, il pose une question. Je réponds, il ne relance pas.

On arrive au village, on cherche la boulangerie, on voit qu’il y a un peu de queue, il me dit qu’il y en a pas suffisamment pour qu’on rentre à la maison le temps que la queue ait disparu. Je suis d’accord. Pendant qu’on attend, on discute de quels pains prendre.

On passe commande. On va acheter un journal. Puis on repart. On prend un autre chemin, un peu plus étroit, un peu plus long. On ne dit rien. On retrouve tout le monde à la maison, et l’effervescence reprend.

[...]

Quand on s’intéresse au développement personnel depuis longtemps, on prend l’habitude de regarder la vie d’un autre oeil. Petit à petit, chaque évènement devient une occasion d’apprendre, de grandir. On met de l’intention dans des conversations anodines. On regarde des détails, et on y perçoit des signes que les autres ne voient pas. On remplit de sens chaque instant que l’on vit.

On oublie que l’on se construit autant autour de ces moments de vide que pendant les moments de plein. Les moments de vide, ces petits de moments de vie que l’on n’aiguille pas. L’univers qui les compose n’en est pas moins important. Une chanson, un chemin, une odeur. Trois fois rien. Dont on sera bientôt nostalgique, parce qu’on était bien.

[...]

A lire ailleurs : L’expérience du vide


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