4 raisons de voir l’expo Pixar

La puissance des premières ébauches. Vu le style de la maison, on aurait pu s’attendre à une exposition qui en met plein les yeux. Ce n’est pas le cas. Du tout. C’est une exposition simple, presque aride si on ne prend pas le temps de se plonger dans chaque dessin, pour deviner ce qu’il révèle, en creux. Par exemple, on voit des premières ébauches de personnages, quelques traits jetés sur une feuille, trois fois rien. Et pourtant, c’est frappant d’observer la puissance des ces ébauches. Dès le premier brouillon, chaque personnage a un caractère, une intention, une histoire, une émotion. Il va s’affiner, mais il est déjà reconnaissable. Il est statique, mais on a déjà envie de le suivre.

La quantité d’exploration. C’est une évidence que Pixar compte dans ses rangs des artistes incroyables, capable de réaliser des tableaux d’une incroyable finesse, qui serait probablement capable de créer un univers complet en quelques coups de crayons. Et pourtant, c’est frappant de voir la quantité d’exploration qui a lieu. Les personnages que l’on voit à l’écran ne sont que les vainqueurs d’un long processus de sélection : des centaines d’autres versions ont existé, et n’ont pas été retenues. Voir Woody, le cowboy de Toys Story, avec une gueule de baroudeur permet immédiatement d’imaginer une autre histoire.

La création des univers. L’exposition comporte assez peu d’explications. Ici et là, des grandes phrases permettent de comprendre les grands principes qui guident la création chez Pixar. L’une d’entre elles explique que c’est un incontournable pour eux d’emmener le spectacteur dans un univers imaginaire, qui ne fonctionne pas comme le nôtre — sous-entendu, sinon, à quoi bon faire de l’animation ? Ce qui est fascinant, c’est l’importance accordée à la définition des contraintes propres à chaque univers. Les couleurs, les formes, les mouvements des feuilles, les variétés de monstres, les réactions d’un coquillage qui s’écrase par terre, l’évolution d’une espèce entre la naissance et l’âge adulte.

L’immense claque du zooscope. Il y a un endroit de l’exposition où j’ai dû rester vingt minutes immobile, scotché, sans pouvoir quitter des yeux le spectacle qui dansait devant eux. L’endroit s’appelle le zooscope, c’est une salle obscure, au milieu de laquelle trône un objet absolument fascinant. Difficile d’en dire plus sans gâcher la surprise, donc vous devrez me faire confiance sur ce coup : cet endroit à lui seul de voir l’exposition. L’impression qui en ressort, c’est d’avoir vu un tour de magie, puis d’avoir vu l’envers du décor, et d’en ressortir encore plus fasciné qu’avant, sans la déception habituelle qui va avec ce genre de révélation. (Nolan avait raison : we want to be fooled.)


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