Construire quelque chose de tangible

Construire quelque chose de tangible reste une expérience unique.

Intellectuellement, le travail ressemble beaucoup à la construction de quelque chose de virtuel : idée, conception, réalisation, fignolage des détails, dormir dessus, l’idée s’affine, des premiers avis tombent… Et pourtant, une grande complexité virtuelle n’égalera pas une simple présence, réelle.

[...]

Je viens de construire un jeu en bois, un mölkky. Je n’ai rien inventé, c’est d’origine finlandaise, c’est comme la pétanque, en plus marrant.

12 quilles, plus un treizième bout un peu plus long (le fameux mölkky) ; rien d’incroyable. Pavlovisé par l’habitude de travailler sur ordinateur, mon premier réflexe a été de choisir la typographie utilisée pour numéroter les quilles. Puis de trouver la technique de marquage la plus pertinente, en tenant compte de la précision, du temps et de la durabilité. (Pour info, c’est la pyrogravure qui a gagné.)

Mais j’ai aussi prêté beaucoup de soin à la douceur du mölkky au toucher. J’ai arrondi les extrémités, poli toutes les surfaces, et ai même ajouté une légère courbe là où le bout de bois n’est traditionnellement qu’une ligne droite. Chaque décision était évidente. Alors que je n’avais jamais réellement construit quelque chose de mes mains auparavant, je savais exactement ce que je voulais faire.

Terminer la construction de ce jeu m’a procuré une satisfaction que je ne connais pas lorsque je construis quelque chose qui n’existera derrière un écran. Je ne saurais pas dire d’où cela vient. Est-ce le fait de pouvoir percevoir l’objet avec d’autres sens que la vue ? Est-ce l’impression de solidité qui en émane ? Est-ce la place qu’il occupe ?

Difficile à dire. Mais ça ouvre en moi une nouvelle porte. Je suis curieux de savoir ce qu’il y a derrière.


D'autres articles sur la concentration, les choix